Élections à la basse-cour
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> Voilà plus de quatre ans qu’un coq en rien gaulois
> Gouvernait sans partage et imposait sa loi.
> Nombre de volatiles n’osaient le contredire
> Bien qu’il fût bas sur pattes, c’est le moins qu’on puisse dire.
> D’origine hongroise, ce coq trop agité
> Ne laissait à personne le soin de décider.
> Oui mais dans quelques mois il faudrait bien choisir
> Un chef pour la basse-cour. Qui allait-on élire ?
> « On ne veut plus du coq, il nous a affamés
> Gardant le blé pour lui et pour tous ses poulets »
> Disaient les pensionnaires de notre basse-cour.
> « Voyons un peu pour qui voter au premier tour.»
> Trouver un prétendant n’était pas chose aisée,
> On le voulait plus grand, pas trop mou et racé.
> Une faisane royale aux dernières élections
> Avait perdu des plumes dans cette confrontation,
> D’ailleurs perdu aussi la confiance de ses potes
> Qui cherchaient quelqu’un d’autre pour battre le despote.
> Un jars avait la côte, vieux mâle grisonnant ;
> Dominer et niquer, tel était son passe-temps.
> Partout, dans chaque recoin, on le voyait le soir
> Sauter toutes les oies, qu’elles soient blanches ou noires.
> « Pas question de le prendre, il pense trop à la chose.
> Qu’il aille se faire soigner, que nos oies se reposent »
> Clamait un fier dindon venu droit de Hollande
> Qui jurait d’exaucer jusqu’aux moindres demandes.
> Il avait réussi à se débarrasser
> D’une grosse dinde chti qui voulait s’imposer
> En cherchant le soutien des poules et des faisanes
> Par l’interdit des œufs de plus de trente-cinq grammes.
> Ce Dindon courtisait une cane colvert.
> Migratrice, elle venait d’un pays où l’hiver
> Est plus rude qu’en France et pour son grand bonheur
> Avait mis hors combat un pigeon voyageur.
> Au demeurant jolie, elle jugeait qu’il fallait
> Pour pouvoir l’emporter promettre aux poulets
> Nourriture plus saine, une vie plus aisée,
> Maïs sans OGM et blé labellisé.
> Le Dindon disait oui mais en réalité
> C’était juste pour lui prendre les voix qu’il convoitait.
> Et pour tout perturber, voila qu’un vieux poulet
> Qui avait trépassé, était ressuscité.
> Prétextant qu’il avait ainsi côtoyé Dieu,
> La place de dirigeant, il appelait de ses vœux.
> Ajoutez à ceux là une sorte de poule d’eau,
Une espèce marine qui parlait fort et haut
> Et voulait Allah porte de son beau poulailler
> Mettre ces poules cou nu qui avaient immigré.
> « Elles viennent nous envahir et manger notre blé
> Si on les laisse faire, nos cous elles vont plumer.
> Renvoyons les chez elles à coups de pieds aux cul(e)s, !»
> Tels étaient les propos de notre gallinule.
> Il y en aura bien d’autres d’ici les élections,
> Candidats qui voudront susciter des passions,
> Des paons et des canards essayant de faire croire
> Que dans la basse-cour il faut reprendre espoir,
> Que le bonheur est là, juste à portée de patte.
> Vous y croyez vraiment ? Mais que vous êtes tartes !